114
Comme pour toutes les politiques urbaines, il est essentiel d’assurer un suivi de la mise en œuvre, d’évaluer les progrès accomplis, de communiquer à la collectivité les résultats de l’évaluation et de prendre des mesures correctives.
Certains aspects liés à la création d’une base de données pour la politique interculturelle ont été mentionnés au point IV.7 ci-dessus. L’approche de la responsabilité axée sur les résultats présentée précédemment comporte également l’élaboration d’indicateurs et d’un tableau de bord permettant de suivre les progrès vers des objectifs spécifiques.
La création de groupes et comités de suivi, composés de préférence par des représentants des pouvoirs publics et de la société civile, est un mécanisme utile pour garantir une évaluation continue des progrès. Dans certains cas, ces groupes pourront procéder à une évaluation critique des résultats et formuler des recommandations à l’organe de prise de décision responsable de la stratégie. L’idéal serait cependant que le groupe de suivi puisse également prendre des décisions visant à ajuster la stratégie.
L’Index des cités interculturelles est un outil complémentaire qui permet de suivre le développement interculturel de la ville au fil du temps et d’effectuer une comparaison avec d’autres villes d’Europe.
L’index a été élaboré pendant la phase pilote du programme Cités interculturelles et a été testé par les 11 villes pilotes. Bien que chacune parte d’une situation unique et de contextes nationaux différents, toutes sont convenues de travailler sur un même ensemble de thèmes et d’objectifs, tels qu’exprimés dans les éléments d’une stratégie municipale interculturelle présentés ci-dessus.
L’index n’est pas conçu comme un outil scientifique : il serait en effet impossible de réduire l’interculturalisme à quelques mesures, ou d’établir des liens directs de cause à effet entre les politiques et leurs résultats dans un domaine aussi subjectif. La démarche interculturelle n’est pas une science, mais un ensemble de principes et une façon de penser. L’index de la ville interculturelle vise ainsi à mettre en lumière quelques faits et phénomènes communs – quelques « points d’acupuncture », en quelque sorte – qui suggèrent le degré d’interculturalité d’une ville et permettent d’entamer un débat dans lequel une ville peut être comparée à une autre. Cependant, l’index n’a pas vocation
à être utilisé pour établir un « classement » entre villes. Il devrait plutôt être employé pour approfondir la réflexion, à des fins d’apprentissage et d’amélioration.
115
Notes en blanc
116
La cité interculturelle pas à pas
Dans la mesure où l’index est conçu comme un outil de benchlearning (apprentissage des meilleures pratiques identifiées par un benchmarking) pour éclairer et appuyer le processus d’élaboration des politiques municipales, et non comme un outil de classement, les résultats sont communiqués directement aux villes et ne sont pas rendus publics. Le rapport de l’index est assorti d’un ensemble de recommandations et suggestions pour savoir où chercher des sources d’inspiration et des bonnes pratiques.
Boîte à outils
Questionnaire pour l’Index des cités interculturelles
74
.
Graphiques interactifs de l’Index des cités interculturelles 75 .
7475
74. www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/culture/Cities/Index.
75. www.culturalpolicies.net/web/intercultural-cities-charts.php.
Suivi de la mise en œuvre et mesure des progrès accomplis
Annexe I
Exercice rapide d’autoévaluation
Qu’en est-il dans votre ville ?
Organisations des groupes minoritaires
Emploi
Logement
Education
Aucune politique
Ignorées par l’Etat.
Ignoré ; l’Etat ferme les yeux sur le travail au noir.
La question du logement des immigrés est ignorée. Fourniture d’abris temporaires en cas de crise.
Prise en charge des enfants migrants au cas par cas.
Accueil des travailleurs
Coopération informelle dans quelques domaines.
Réglementation minimale, formation limitée.
Solutions d’hébergement
à court terme ; réglementation minimale du secteur locatif privé.
Les enfants migrants sont inscrits à l’école.
Assimilation
Non reconnues par l’Etat.
Soutien général
à la formation, sans critères ethniques.
Egalité d’accès au logement social, sans critères ethniques.
La discrimination ethnique en matière de logement est ignorée.
L’accent est mis sur la langue, l’histoire et la culture nationales.
L’Etat ignore ou interdit les enseignements supplémentaires.
Multiculturalisme
Soutenues par l’Etat comme vecteurs d’auto nomisation.
Politique antidiscriminatoire ; discrimination positive en matière de formation et d’emploi.
Politique de location antidiscriminatoire ; discrimination positive en matière d’accès au logement social.
Soutien spécial aux écoles non homogènes.
Soutien à la langue maternelle. Enseignement religieux et culturel.
Interculturalisme
Soutenues par l’Etat comme vecteurs d’intégration.
Politique antidiscriminatoire ; valorisation des compétences interculturelles et linguistiques.
Politique de location antidiscriminatoire ; statistiques ethniques ; promotion de la mixité dans l’habitat.
Enseignement de la langue/ culture nationale et maternelle.
Compétences interculturelles pour tous.
Déségrégation.
117
118
La cité interculturelle pas à pas
Ordre public
Perception et sensibilisation
Urbanisme
Gouvernance et citoyenneté
Aucune politique
Les migrants sont considérés comme un problème de sécurité.
Les migrants sont perçus comme une menace potentielle.
L’Etat ignore l’émergence d’enclaves ethniques ; en cas de crise, il les disperse.
Pas de droits ni reconnaissance.
Accueil des travailleurs
La police surveille les migrants et procède à des expulsions.
Les migrants sont utiles sur le plan économique mais sans importance politique, sociale ou culturelle.
Les enclaves ethniques sont tolérées mais considérées comme temporaires.
Pas de droits ni reconnaissance.
Assimilation
Forte présence de la police dans les lieux de vie des migrants.
Campagnes pour la tolérance envers les minorités, mais intolérance envers ceux qui ne s’assimilent pas.
Les enclaves ethniques sont considérées comme un problème. Politique de dispersion et d’embourgeoisement. Lutte contre les usages symboliques de l’espace.
Naturalisation facilitée. Pas de structures
consultatives pour les minorités.
Multiculturalisme
La police joue un rôle social et fait respecter la législation antiraciste.
Festivals célébrant la diversité, campagnes de marketing urbain
(city branding).
Interculturalisme
La police gère les conflits interethniques.
Campagnes en faveur de la convivialité interculturelle.
Reconnaissance des enclaves et prise en compte de la volonté des communautés.
Revitalisation des quartiers.
Reconnaissance symbolique
(minarets, par exemple).
Les minorités ont voix au chapitre. Existence de structures consultatives et allocation de ressources sur des critères ethniques.
Soutien à la mixité ethnique des quartiers et des espaces publics. La gestion des conflits est une compétence clé des ONG et des responsables municipaux.
Soutien aux décisions, associations et consultations interculturelles.
Reconnaissance du métissage.
Accent mis sur l’usage fonctionnel (et non symbolique) de l’espace.
Suivi de la mise en œuvre et mesure des progrès accomplis
Il ne serait pas étonnant qu’après avoir réalisé cet exercice l’on constate que différents services fonctionnent selon des modalités assez différentes. Pour des raisons diverses, comme la présence d’une forte personnalité ou d’une équipe solide, en réaction à une crise ou pour saisir une opportunité, certains services ont déjà adopté une approche interculturelle alors que d’autres se comportent assez différemment.
Les catégories ci-dessus ne sont pas exclusives et vous pourrez trouver utile d’élargir le tableau à d’autres domaines d’intervention, en remplissant vous-même les cases.
Annexe II
Principales parties prenantes à consulter et à associer à la préparation de la stratégie interculturelle de la ville :
• le maire ;
• le ou les conseillers municipaux en charge de l’intégration ou de la diversité et des questions connexes, et les principaux responsables des politiques ;
• le ou les conseillers municipaux en charge de l’égalité, de la diversité, de l’inclusion et de la cohésion ;
• le conseiller municipal chargé des services communautaires, y compris en matière de politiques et initiatives culturelles et artistiques ;
• le chef de projet municipal chargé d’importants programmes ou initiatives connexes
(urbanisme, éducation, logement, économie et emploi, services publics, etc.) ;
• le chef de projet ou coordinateur municipal chargé du programme Cités interculturelles ;
• des personnes ou associations – organisations de la société civile – provenant de plusieurs communautés culturelles prioritaires qui devraient être les premiers bénéficiaires de l’initiative, en particulier les associations de migrants ou de minorités ;
• les personnes clés des médias locaux, acteurs de l’éducation et de la culture ;
• des personnes (artistes, journalistes, chefs d’entreprise et autres professionnels) ayant un esprit critique, des idées sortant de l’ordinaire, des capacités de leadership et attachées à la diversité et aux relations interculturelles ;
119